30 mai 2025
6 mn

Et si nos bâtiments devenaient enfin intelligents ?

Une tribune de Sébastien Condom, Senior Vice President international chez Voltalis, entreprise leader du pilotage intelligent de la consommation électrique résidentielle et tertiaire en Europe.

Grâce à l’intelligence artificielle, la gestion des bâtiments entame une prometteuse révolution technologique vers un habitat plus durable. Le potentiel est colossal puisqu’à l’échelle mondiale les bâtiments pèsent encore pour 30 % de la consommation d’énergie, 44 % des émissions nettes de CO2, 15 % de l’utilisation d’eau douce et 50 % de la consommation de ciment.

Et si 4,5 milliards de personnes vivent et travaillent aujourd’hui dans des villes contre seulement 1,5 milliard il y a un demi-siècle, la gestion de l’utilisation des bâtiments n’a guère évolué au cours des 50 dernières années.

La dernière grande innovation remonte aux années 1950 avec l’introduction de la climatisation. Même nos soi-disant « bâtiments intelligents » restent relativement « stupides » comparés aux capacités des techniques de gestion de données et des systèmes d’automatisation les plus basiques déjà utilisés dans d’autres secteurs.

D’où l’ampleur du bouleversement qui s’annonce. Déjà, les récents progrès de l’Internet des objets (iOt) et de l’intelligence artificielle, associés à de nouvelles réglementations environnementales et à des modèles économiques innovants, sont en train de révolutionner le secteur. La convergence entre les secteurs de l’immobilier et de l’énergie créé des opportunités sans précédent pour répondre aux enjeux critiques de la transition énergétique, et ouvre des perspectives de croissance exponentielle

L’IA peut faire franchir un nouveau cap à nos bâtiments…

Une des limites majeures des bâtiments dits « intelligents » ou « verts » est qu’ils nécessitent encore des investissements financiers importants, de même que du temps et des efforts, pour optimiser séparément chaque structure.

Lorsqu’il s’agit de gérer de larges flux de données en temps réel les systèmes traditionnels de gestion technique sont trop limités. Ils sont coûteux à déployer et à entretenir, exigent une formation utilisateur poussée et entraînent une dépendance à de multiples fournisseurs, ce qui complique la tâche des gestionnaires et des propriétaires.

Bien que les systèmes traditionnels soient efficaces pour exécuter des règles simples et préétablies, ils ont du mal à s’adapter de façon dynamique à des environnements complexes et changeants. Là, les nouveaux logiciels de gestion de la donnée bouleversent complétement la donne.

Ils permettent d’intégrer non seulement des données internes et externes au sein d’un bâtiment, mais aussi entre différents bâtiments issus d’un même portefeuille. Fini, les silos entre les différents systèmes informatiques, qu’ils gèrent l’énergie, la sécurité, les ressources d’entreprise, la relation client ou encore la maintenance.

Cette approche interconnectée libère tout le potentiel de l’intelligence artificielle, y compris l’IA générative, en permettant le recours à des services avancés alimentés par de vastes ensembles de données dynamiques.

Le secteur de l’immobilier a tout à gagner de ces évolutions. Des algorithmes prédictifs sophistiqués peuvent désormais être développés impulsant ainsi une transformation numérique renforçant l’optimisation des bâtiments.

Désormais, la transformation numérique peut s’appuyer sur le développement de puissants algorithmes sophistiqués, aptes à soutenir une réelle optimisation des bâtiments : l’IA pourrait générer jusqu’à 30 % d’économies d’énergie supplémentaires par rapport à un bâtiment classique déjà efficace.

Pour toutes les parties prenantes, cette évolution permet des systèmes plus efficaces et une plus grande création de valeur. Les bénéfices sont considérables et les retours sur investissement rapides.

Mais aussi à tous nos écosystèmes urbains !

La transformation impulsée par l’intelligence artificielle permet de passer d’une optimisation silo par silo à une approche révolutionnaire dite de « système de systèmes ». Ce nouveau paradigme permet notamment à des groupes ou réseaux de bâtiments de contribuer collectivement à la stabilité du réseau électrique, en ajustant par exemple entre eux leur consommation d’énergie, lors des variations de production d’origine renouvelable ou de tensions sur le réseau.

En limitant les coupures d’électricité, en accélérant la décarbonation de la production énergétique, et en réduisant le besoin d’expansion coûteuse des infrastructures physiques, l’optimisation à l’échelle de systèmes représente une avancée majeure vers une infrastructure durable.

Mais le potentiel va bien au-delà de la gestion énergétique. Les systèmes de bâtiment intégrant l’IA sont en mesure de s’attaquer à bien d’autres défis urbains, en proposant une optimisation multi-paramètres des services publics : la circulation, la congestion des transports, les émissions, la qualité de l’air et même le bien-être des citoyens.


L’IA agentique : la prochaine étape

Au cœur de cette transformation apparaissent les « agents IA », des systèmes autonomes capables d’analyser leur environnement, de répondre dynamiquement aux informations reçues, et de prendre des décisions complexes en toute autonomie. Comme l’explique bien le fond Sequoia Capital, cette évolution nous fait passer du « logiciel en tant que service » ou Software as a Service au « service en tant que logiciel » ou Service as a Software.

Ces agents IA n’opèrent pas seuls, mais comme parties intégrantes d’un écosystème coordonné. Par exemple, un agent optimisant la consommation énergétique d’un groupe de bâtiments de bureaux pourrait coopérer avec d’autres agents en charge des réseaux électriques locaux ou de la gestion du trafic urbain. Ensemble, ils pourraient synchroniser leurs opérations selon les heures de pointe, améliorant ainsi l’efficacité de la circulation et apportant des bénéfices à l’échelle de communautés tout entière.


De la vision à la réalité

Ce qui relevait autrefois de la science-fiction est aujourd’hui à portée de main.
Dynamisés par l’IA, les bâtiments ont le potentiel d’apporter d’immenses bénéfices à la société : amélioration de l’expérience utilisateur, réduction des coûts, substitution d’infrastructures physiques dispendieuses par des alternatives numériques plus intelligentes.

Cette révolution cognitive ne concerne pas uniquement l’évolution technologique ; elle invite à repenser l’ensemble des écosystèmes urbains pour aller vers un avenir plus connecté et plus durable.

Contact presse :

Emma Corson  
emma.corson@votlalis.com 07 60 89 81 89